La lettre 1102

Archive photos des 02 novembre

Le blog de la semaine

Vincent Breton : Vivons heureux en poésie !
https://vincentbreton.fr/


Lu ici et là

[Instagram]
Il me donne l’impression d’être dans un marché où chacun crie pour se faire remarquer, des images qui se succèdent, qui se dévorent et s’oublient aussitôt, rien ne reste, tout se dissout.
La photographie, pour moi, est à l’opposé de cette logique.
Elle a besoin de silence, de lenteur, elle naît souvent dans des moments où rien ne se passe, dans les interstices du quotidien. Photographier, ce n’est pas capter l’exceptionnel mais retenir ce qui, d’ordinaire, s’efface sans qu’on y prête attention : une main, une chaise, un repas, une absence, des choses minuscules et pourtant immenses quand on s’y attarde.
Alors pourquoi continuer à publier ces images dans un flux qui les avale aussitôt ?
Via https://miloma.substack.com/


« -Sais-tu d’où vient le plus grand danger ?
— De l’imprévisible »
In Le port secret de María Oruña

Récapitulatif


Couffin :
https://k-farnaom.fr/2025/10/28/couffin/


Ils aiment se déguiser :
https://k-farnaom.fr/2025/10/29/ils-aiment-se-deguiser/


Mes jardins improvisés de Verdun :
https://k-farnaom.fr/2025/10/30/mes-jardins-improvises-de-verdun/


Anti-siècle :
https://k-farnaom.fr/2025/11/01/4249/

Banalité #2

Samogneux (55) – le 1 janvier 2022

Il n’y a rien. Cela apparemment n’intéresse pas la mémoire collective. On ne fait pas un livre avec des images d’écluses, d’aiguillages fortifiés, de tréfileries au temps roi de l’acier, et encore moins de livres avec cet arrière des villes, par quoi presque elles se laissent caresser et avouent, laissent percer par quoi, quelle que soit leur taille, c’est encore affaire de vie en bras de chemise, de linge qu’on met à sécher et de fauteuils plastiques qu’on arrange dans une cour, affaire de nains de jardin sur les pelouses bombées des pavillons années soixante-dix au bord des chefs-lieux de canton que le train rogne même s’il n’y a plus de gare.

François Bon – Paysage fer

Pendant qu’il en reste ….

Il fut un temps où l’eau était abondante dans les fontaines de nos villages
Et puis
Nous n’avons pas su prendre soin de ce liquide précieux
Pourtant la vie est née dans l’eau

Iô ! tu seras sans cesse
Des fontaines la princesse,
Moi célébrant le conduit
Du rocher percé, qui darde
Avec un enroué bruit
L’eau de ta source jasarde
Qui trépillante se suit.

Pierre de RONSARD

L’eau est devenue la plus précieuse de toutes les ressources naturelles… A une époque où l’homme a tout oublié de ses origines et reste aveugle aux nécessités les plus essentielles à sa survie ; l’eau, ainsi que d’autres ressources, est aujourd’hui la victime de cette indifférence.»
Rachel Carson.

Et là pour la première fois de ma vie, je vis mon Mississippi adoré, comme tari sous la brume estivale, ses eaux basses entre les berges élevées qui exhalent l’odeur crue du corps même de l’Amérique.

Sur la route – Jack Kerouac

« La source et le ruisselet, le ruisseau, la rivière et le lac semblent tous donner vie à la nature ; d’ailleurs nos ancêtres les considéraient comme des entités vivantes. L’eau est si magnifique vue dans le plan d’eau….. Le pouvoir de l’eau sur la terre est à peine plus puissant que celui qu’elle exerce sur l’esprit de l’homme.»

Sir John Lubbock.

Fontaine, ma fontaine, eau froidement présente, douce aux purs animaux, aux humains complaisante…

Paul Valéry

« Liquide est par définition ce qui préfère obéir à la pesanteur, plutôt que de maintenir sa forme, ce qui refuse toute forme pour obéir à sa pesanteur. Et qui perd toute tenue à cause de cette idée fixe, de ce scrupule maladif. »

Francis Ponge

EAU, subst. fém.
I.− Usuel
A.− [L’eau envisagée comme élément naturel]

  1. Au sing. Liquide incolore, inodore et sans saveur à l’état pur, formé par combinaison d’hydrogène et d’oxygène, de formule chimique H2O; un des quatre éléments de la physique ancienne :
  2. Il me semblait à la fin de ne plus apercevoir que tous les états de l’eau, − l’eau neige, − l’eau glace, − l’eau vive, − l’eau flaque mirant l’eau nuée, − l’eau vapeur dont les volutes libérées se détordent, se disloquent, s’attardent et se dissipent après nous. Valéry, Variété II,1929, p. 24.
  3. Eau, tu n’as ni goût, ni couleur, ni arôme, on ne peut pas te définir, on te goûte, sans te connaître. Tu n’es pas nécessaire à la vie : tu es la vie. Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 242.
    CNRTL

La licorne

Une corne au milieu de mon crane
Fait-elle de moi
Une licorne ?
Bien sur que non !
Je n’ai pas les sabots d’ivoire, les dents d’acier ou la tête couleur de pourpre,
J’ai presque le corps couleur de neige,
Mais la corne de mon front ne porte pas les bariolures de l’arc en ciel
Je retourne donc sur les bords du Gange et dans la Mésopotamie,
Y frotter mon dos contre les palmiers,
Et me rouler dans les bambous

(Avec l’aide de Gustave Flaubert – La Tentation de Saint-Antoine)

Dodue

Reims (51) le 02 décembre 2018

La barrique voulut se faire aussi grosse que le bœuf
Mal lui en prit, sur le nez, la porte se referma
Tout le monde n’est pas un foudre de guerre.
Le fluet portail voyant la futaille ventripotente
Fit un magnifique Oh ! d’étonnement.
Ainsi, le dodu tonneau put s’introduire
Et régaler les fines gueules en pleine ripailles

Reims : la grande porte circulaire
Construit en 1898 sous la direction de l’architecte rémois Ernest Kalas pour la société de champagne Jules Mumm.
Aujourd’hui lieu d’élaboration et d’exposition multiculturel

Le train de la vie

Ardèche – 1982

Je découvre que l’on vient d’éditer Cartotrain, sorte de carte Michelin du ferroviaire
Il y en a 2, une pour la France et l’autre pour l’Europe, on y trouve les lignes mais aussi les gares et bien d’autres renseignements. Je vous laisse découvrir sur le site : https://cartotrain.fr/
Moi qui rêve de voyager depuis chez moi jusqu’au bout de l’Écosse ou bien faire le tour de France par les petites gares et en utilisant seulement les petites lignes.
Sans prendre, bien sûr, le TGV.
Dans un monde qui a érigé la vitesse en commodité évidente, prenons-nous encore le temps de voyager ?
Voyager ce n’est pas aller vite, ce n’est pas prendre le TGV ni l’avion ou l’autoroute. Ce n’est alors qu’un simple déplacement
La vitesse aplatit tout, la lenteur nous donne à voir la beauté et la diversité des pays que nous traversons.
Le nez collé à la vitre, nous nous perdons, nous vagabondons, nous découvrons la géographie autrement, avec ses reliefs, ses détours, ses pauses improbables.
Bref, retrouver le train de la vie
Ralentissons pour retrouver un certain art du voyage
Et c’est une carte pas une application, juste du papier, là aussi, c’est tout un symbole.
Tracer son itinéraire à la main, rêver devant les tracés ferroviaires, c’est déjà le voyage qui commence.

Ardèche – 1982

Couleurs d'automne

 « … j’aime l’automne éperdument. Il est un éloge de la tristesse, et non du désespoir. Il m’est une paix sereine une fois l’an. Septembre, octobre et parfois novembre n’ont pas d’autre ambition que d’en finir posément. Cela aussi convenait beaucoup au flegme des hommes là-bas (extrême-orient russe). Je ne supporte pas le neuf, les images glacées du développement, les régions qui ont tout réussi, les attributs postmodernes et les paysages aménagés. L’automne est avant tout un charme d’hier, un décor poli par le temps. »

« L’automne est comme une braise qui meurt, gagnée par un tapis de cendres. On ne pouvait plus qu’appeler de ses vœux les myriades de flocons, la neige lourde et drue, et hâter vers le tombeau blanc cette pénible sénescence. »

« L’automne est une forme de perfection, un apogée avant les glaces, un sommet de l’harmonie. Cette splendide journée était quelque chose comme un adieu. Ensuite l’hiver soufflerait tout sauf les aiguilles rousses des mélèzes qui tiendraient jusqu’à la fin du mois. »

 

 Cédric Gras – L’hiver aux trousses

Mimizu izuru

 

Sandrine Tolotti dans sa dernière lettre de L’Intimiste :
« Ce numéro, si l’on s’en tient au calendrier traditionnel japonais composé de soixante-douze micro-saisons (kô), s’étend de Mimizu izuru (蚯蚓出), période où « les vers de terre refont surface », à Kaiko okite kuwa o hamu (蚕起食桑), celle où « les vers à soie se régalent des feuilles de mûriers ».
Si la plus connue reste Sakura hajimete hiraku (Les fleurs de cerisier commencent à s’ouvrir) qui donne lieu à la fête hanami aujourd’hui mondialement connue, la micro-saison mimizu izuru (du 11 au 15 mai) nous indique que les vers-de-terre (chers à leur défenseur Christophe Gatineau) remontent à la surface.

C’est pour les japonais, le début de l’été (Rikka ) qui donne une nouvel élan aux êtres hibernants .
Quelle belle idée que les Japonais divisent l’année en 72 micro-saisons ! Certes chacune d’elles ne dure que quelques jours mais elles nous rappellent que la nature n’est pas immuable et que les variations naturelles sont infinies et en constante évolution, Une autre façon de nous rapprocher de la nature, de l’observer et de la savourer.

N’hésitez pas à vous inscrire à l’Intimiste pour y lire chaque quinzaine de merveilleuses histoires comme celle de « L’homme au million de secrets »